Une explosion. Un craquement. Le frottement de l’air contre l’acier. Les cris et les pleurs. Les prières, certaines silencieuses, d’autres beaucoup moins. Thelonious fixait le sol, ne montrant pas sa peur. Peur de ce qui les attendait à l’atterrissage. Peur de ne pas survivre au crash. Peur de ne pas revoir son fils. Presque inconsciemment, son esprit repartit vers d’anciens souvenirs.

Il parait que le plus beau cri est celui d’un nouveau né. Thelonious ne pouvait le nier, Ce cri qu’il entendait, il signifiait tant de choses. Qu’enfin il ne manquait plus rien à sa vie. Il était marié à une femme aimante et attentionnée qu’il aimait à la folie, avait des parents qui le soutenaient toujours, était en passe de devenir le plus jeune Chancelier de l’histoire de l’Arche. Et, maintenant, Shirin, son premier et dernier amour, lui donnait un fils. Rien ne pouvait aller mieux. Il était l’homme le plus heureux qui existe.

Thelonious souriait. Une expression faciale incongrue dans sa situation, mais il ne pouvait s’en empêcher. L’un de ses plus beaux souvenirs restera, toujours, celui où il prit, pour la première fois, Wells dans ses bras. Malheureusement, il se souvint des années qui suivirent, et le souvenir disparut petit à petit.

Le diagnostic du médecin fut sans appel. Shirin souffrait d’un cancer, et rien ne pouvait la sauver A sa mort, une part de Thelonious partit avec elle dans l’espace. S’il se donnait déjà à fond dans son travail, il se mit à y passer tout son temps. Mais, il n’oublia pas pour autant Wells âgé d’à peine cinq ans. Le petit garçon devint son moteur, l’empêcha de tomber en dépression. La famille Griffin, des amis de très longue date, l’aida dans cette épreuve.

Le regard de Thelonious vira dans la direction d’Abby. Il lui arrivait de regretter de l’avoir fait devenir veuve. Mais il n’avait pas eu le choix, dura lex sed lex.

Appuyer sur le bouton. Rarement un acte eut été si dur. Les pleurs déchirants de Clarke, un son qui le hantera pendant longtemps, un rappel de ce qu’il avait fait à son meilleur ami, des sacrifices qu’impliquaient sa fonction. Il rentra chez lui sans savoir si, un jour, il pourra se regarder à nouveau en face dans le miroir.

Un fracas puissant. Un atterrissage douloureux et non sans heurts. Ce qu’il y avait dehors personne ne le savait. Jaha ignorait ce qui l’attendait, ce qu’il adviendrait de son peuple, mais il savait une chose. Il fera tout pour qu’il survive, quitte à se salir les mains encore une fois.