Isara & Kisà

Le pouvoir, la jeune reine n'y est pas encore habituée, bien que cela fasse à présent plusieurs mois qu'on a fait d'elle une reine à la place de sa mère. Plusieurs mois occupée à chercher des solutions pour diriger son peuple autrement que ses prédécesseurs, sans trouver réelle solution viable. Une lui était venue à l'esprit, celle du éventuelle alliance avec un clan du Sud, le Fayakru, mais Isara continuait de chercher comment les aborder. Aujourd'hui elle est occupée à ne rien faire de spécial si ce n'est prendre information de ce qui se trouve dans les greniers et les caves de la citadelle. Savoir si son peuple aurait assez de vivre pour passer le rude hiver lui tenait à cœur et s'il fallait accélérer le processus pour obtenir des alliances, alors elle le ferait.

Assise derrière son bureau, au calme, elle lit attentivement les inventaires, la moindre ressource récoltée auprès des villageois, elle passe ainsi une bonne partie de la matinée le nez dans les écrits, ne voyant pas le temps passer. Une servante lui apporte un plateau de viande accompagnée de divers légumes de saison, et Isara pose enfin les notes pour prendre une petite pause bien méritée.
Comme à son habitude, après les repas, elle se rend dans la grande coure ouverte afin de prendre un petit bol d'air et de rester proche de son peuple, ce que sa mère ne faisait jamais, saluant au passage quelques habitants de la citadelle, souriant à des enfants jouant mais n'osant s'approcher trop près de leur reine. La corne sonne, annonçant le retour d'éclaireurs, curieuse, la rousse se rend au portail, entourée de garde pour voir ce qui ramène si tôt les hommes.

« Ai haiplana ! Une femme se prétendant Haiplana kom Fayakru, répondant au nom de Kisà, marche avec l'intention de vous rencontrer. Devons-nous la stopper ? »

Isara ne regarde personne d'autre que l'éclaireur venant de s'adresser à elle, mais sent tout de même ses gardes tendus à l'idée qu'une étrangère foule les terres enneigée d'Azgeda. « N'en faites rien. Laissez la venir, je la recevrais lorsqu'elle sera arrivée. »

Quelques heures passèrent avant que n'arrive enfin la dite reine au portes de Mekiwah, l'imposante capitale du clan Azgeda, rendant fière tout un peuple. La corne résonne et Isara comprends alors qu'il est l'heure de s'entretenir avec cette personne. Elle se rends dans la sale du trône et attends sagement que les gardes accompagnent ''l'intruse'' jusqu'à elle. Elle est quelque peu anxieuse. A vrai dire, c'est la toute première fois qu'elle rencontre un chef de clan et redoute de faire une erreur, de prononcer un mot de travers qui pourrait déclencher une guerre entre le feu et la glace. Les lourdes portes en bois finissent par s'ouvrir, laissant entrevoir les garde royaux bien entendu avant qu'une silhouette, plus petite, plus frêle aux cheveux bien plus clair n'apparaisse.

Isara & Kisà

La salle du trône est sombre, bien que ne soient disposé de part et d'autre de la pièce de nombreuses torches et braseros. L'imposante cheminée taillée à même la pierre derrière le trône de la reine sert presque à réchauffer, à elle seule, une bonne partie de la pièce. Les portes sont ouvertes, et la Reine Isara ne bouge pas, se contentant de resserrer ses mains sur les accoudoirs de son imposante chaise de bois et de métal, alors que son regard ne se détourne pas des lourdes portes à présent ouvertes.

Dans sa robe noire ornée de brodures bleues, et de sa cape de fourrure noir comme les profondeurs des cachots sombres de la citadelle, les cheveux couleur feu de la reine des glaces fait contraste à celle de la reine de feu. Isara regarde attentivement la jeune femme se proclamant reine du Fayakru afin d'essayer d’apercevoir la moindre trace de mensonge ou d'hostilité chez elle. Rien, tandis que l'intruse la salut d'un simple « Azplana ... » accompagné d'un signe de tête léger.
Malgré la chaleur de la pièce, l'ambiance qui y règne est glaciale. Le silence est pesant, seuls les crépitements du feu se laissent entendre entre deux murmures de désapprobation des gardes Azgeda pensant certainement que la petite femme blonde à manqué de respect envers leur souveraine. Isara lève une de ses mains pour faire cesser ce brouhaha et salut à son tour la visiteuse. «Fayaplana.»

Sa voix résonne dans la grande pièce et alors qu'elle est immobile, d'un simple regard de la part d'Isara, les garde comprennent qu'ils doivent escorter la reine du Fayakru un peu plus près du trône, son garde aussi, qui ne semble pas vouloir se séparer de sa reine. Isara ne peut leur en vouloir, son époux étant aussi protecteur que cet homme, elle comprends tout à fait son attitude. D'ailleurs, si Divis était présent aujourd'hui, il aurait tout fait pour convaincre son épouse de soeur de ne pas ouvrir les porte à des étrangers. Heureusement, celui-ci était partit rendre visite à leur mère Gara plus au Nord.

«Quel bon vent amène le feu en territoire glacé?» Isara, toujours stoïque et immobile cachant un certaine certaine pression quand à l'issue de cette visite inattendue.

Isara & Kisà

La glace face au feu. Quelle étrange situation se déroule à Mekiwah. Jamais une telle chose n'était arrivée par le passer. Les deux clans, ennemis depuis toujours, s'adressent pour la toute première fois, la parole autrement que sur un champ de bataille. La scène peut paraître impressionnante aux yeux des gardes, qui pourtant, ont déjà assisté à des situations des plus étranges. L'ambiance est tendue dans la pièce, les gardes royaux se n'enlèvent pas leurs mains de leurs armes, regardant partout, sur le qui vive.

« Un vent de renouveau. Une brise d'espoir... Je suis ici afin de savoir si une union entre le feu et la glace pourrait être envisagée. » Intriguée par ses paroles inattendues, la jeune reine de glace ne laisse pourtant apparaître aucune émotion ni surprise sur son visage clair. Ses yeux cristallins, encore plongés dans ceux de l'interlocutrice attends d'entendre la suite qui arrive très rapidement. « Nos mères ont longtemps étés en guerre pour leurs propres raisons. A nous de voir si nous souhaitons emprunter ce même chemin alors que nous pourrions avoir beaucoup à nous offrir. » Isara n'est croit pas ses oreilles. La fille de l'ennemie de toujours de Gara a parcouru des milliers de kilomètres afin de proposer une alliance. C'est inimaginable. Qui aurait pu croire que cela arriverait un jour. Isara qui cherche depuis plusieurs mois un moyen de proposer de même sans savoir comment s'y prendre. Surprise par l'audace de la jeune femme Isara fait signe à ses gardes de prendre congé. Seuls quelques uns restent comme à leur habitude dans la pièce pour monter la garde, deux derrière le trône et deux à l'entrée principale de la pièce.

Les portes désormais closes, la discussion entre personnes de pouvoir pouvait enfin commencer. Sans se soucier de celui qui accompagne la jeune femme blonde, Isara se lève et marche quelques pas pour descendre les quelques marches qui lui assurent une hauteur sur le reste de la salle. Quelques pas séparent les deux souveraines lorsque celle de glace prends à présent la parole. « Une alliance... Quelle surprise de votre part. Qu'est-ce qui vous fais croire que je pourrais accepter une telle chose?» Il n'y a pas l'ombre d'animosité dans la voix de la jeune reine, ni aucune autre émotion d'ailleurs. Elle se contente de rester de marbre afin de mieux cerner les véritables intention du personnage se tenant en face d'elle.  « Vous êtes consciente que cela pourrait prendre des mois, voir même des années avant que nous trouvions un terrain d'entente? Si toutefois je concède a accéder à cette requête particulière.»

Isara & Kisà

Droite. Isara, est quelque peu stressée par ce qui sortira de cet entretient. Elle apprécie tout en dépréciant les mots de l'étrangère. Elle pense à Gara qui aurait prit cela pour un affront et aurait tranché elle-même la tête de la jeune blonde. Hors Isara n'est pas sa mère, et même si c'est celle-ci qui l'a élevée, dans la pure tradition Azgeda, Isa est différente, dans beaucoup de choses. Son caractère tout d'abord, elle, elle ne déclenchera jamais de guerre pour un motif aussi futile qu'un vol de fourrure. Elle, ne s’appropriera jamais les terres d'un autre clan. Parfois, elle songe même à rendre son identité au clan Podakru, mais elle sait que si elle fait cela alors elle ne sera plus acceptée en tant que reine et que cela déclenchera une guerre civile entre les conservateurs et les visionnaires. Et les guerres, Isara n'en veut plus, elle qui a tant perdu à cause de cela tout comme les membres de sa nation.

« Voyez comme être seuls ne nous a jamais empêché d'acquérir des terres. De gagner des guerres. D'être redouté de tous. Nous pensez-vous faible, Fayaplana? Une démonstration de notre force pourrait peut-être vous rappeler la puissance d'Azgeda.» Il n'y a point là d'arrogance de la part de la jeune reine de glace, simplement de l'honnêteté, peut-être aussi un soupçon d'énervement quant à l'affirmation de la femme blonde dont elle ne connaît que le titre.

« Alors maintenant, Fayaplana, je souhaites connaître les véritables motivations de cette proposition d'alliance. Sans mensonge aucun. Pourquoi vouloir d'Azgeda comme allier, plutôt que Trikru? Songez-vous entrer en guerre et cherchez alors des alliés moins pacifistes que Lanikru? Nous n'avons pas plus besoin d’étoffe que vous de fourrures. »
Toujours immobile, la reine de la nation des glaces observait, avec sa taille plus grande, son interlocutrice, tout en la sondant, elle et son garde. Peut-être qu'après cette visite, elle se rendrait au bosquet pour consulter les druides... Elle ira pour sûre.

« La vie est étrange, ne trouvez-vous pas? Nos mère se sont faite la guerre des années durant, leur prédécesseur avant elles, et nous voilà ici, à parler d'un éventuel traité de paix.»

Isara & Kisà

Alors oui, la reine des terres de feu est audacieuse, mais elle est aussi insupportable pour tout Azgeda normalement constitué. Du moins, si Isara n'avait pas fait se retirer ses gardes, ceux-ci n'auraient pas hésité une seconde avant d'arracher la tête de la blonde et de donner ses restes aux lynx. Pour Isara en revanche, voir une personne ayant autant de bon sens est un véritable plaisir, si bien qu'elle laisse ses lèvres se retrousser quelques peu, laissant à peine apercevoir un soupçon de sourire. Elle a déjà songer à une alliance de ses ennemis pour écraser Azgeda, et c'est pour cela aussi, un peu, qu'elle souhaite mettre en place une alliance avant une possible attaque. Les deux jeunes reines sont donc semblables par leurs pensées. Et réunir leur deux armées serait un plus pour le futur. Certes, cela demanderait des concessions pour chaque parties mais si cela aboutissait, alors ensembles leurs clans règneraient sur un monde dans lequel la paix aura pu être imposée.

« Ne souhaitez-vous pas, plutôt, vous rebeller contre les choix jadis faits par votre mère?» Peut-être qu'Isara touche une torde sensible en évoquant cela, peut-être qu'elle se trompe et que cela provoquera la colère de la blonde dont elle ignore encore le nom. Mais tant pis, elle ose. « Ne le prenez pas mal, mais cela serait compréhensible. Cependant, j'ai, moi aussi, eu des idées d'alliance avec votre peuple. J'inspire aussi à la paix avec le Trikru mais les désirs et le destin sont deux choses bien éloignées.»

Isara & Kisà

Bien que la discussion soit calme et posée, la tension dans la pièce reste palpable à cause des gardes craignant le moindre retournement de situation alors que leur reine écoute attentivement son interlocutrice, presque éblouie par une beauté si délicate faisant contraste avec le peuple des terres de feu.

« Fort heureusement vous n'avez plus la mentalité d'une enfant de cinq ans.» Pas plus qu'elle-même d'ailleurs. Heureusement aussi que toute deux sont différentes de leurs mères sinon le sol serait déjà coloré de sang. A croire que les enfants sont plus civilisé que leurs parents ayant pourtant été éduqués à leurs façon. Comme le monde est étrange. Les deux jeunes reines sont peut-être nées pour s'allier après tout et les propos que tiens la reine du feu le prouve une fois de plus.

« Voici donc un autre point commun. J'essaie aussi de faire ce qui est le mieux pour mon peuple, bien qu'il soit peu enclin à des changements trop brutaux...» Isara a du travail à faire pour faire accepter ses idées de tous, elle le sait et réfléchit chaque jour qui passe à la meilleure façon pour ne pas déclencher de guerre civile ou de coup d'état au sein de son clan. Car beaucoup de ses guerriers ne savent pas faire table rase du passé, à son plus grand regret.

« Des guerres inutiles pour beaucoup. Soit! Votre voyage fut long, permettez-moi de vous offrir mon hospitalité. Des chambres vous ont été préparées. Vous y trouverez de quoi vous changer, et vous réchauffer. Un présent vous y attend, fayaplana, puisse-t-il être à votre goût.» Vu la finesse du travail réalisé par les couturières et les des fourreurs, elle avait fait réalisé un manteau pour l'offrir, en temps voulut à une alliée, le fait que la jeune reine du feu ait fait le déplacement jusqu'ici était un signe des Dieux. Une alliance naîtrait de cette rencontre, du moins, cette rencontre est la première pierre posée à la construction de cette alliance à venir. Isara n'en doute point. Elle est prête à faire des concessions pour se faire un allier, si toutefois l'autre partie en fait aussi, ce qui est réalisable vu l'ouverture d'esprit de la jeune blonde dont elle ignore toujours le nom...

« Avant que vous ne quittiez la pièce, mon nom est Isara, première du nom. Enchantée de cette rencontre. Reposez-vous bien très chère.» Bien entendu, des gardes sont déjà postés aux portes des deux pièces servant de chambre à cette petite délégation, par sécurité pour les deux tribus. Après le départ des invités, elle rejoindrait elle aussi sa propre chambre.